Les débuts du jumelage entre le Kreis Herford et la ville de Voiron vus par l’ALV

Dans le livre "1945-2015 Une histoire en mouvement", édité par l'Amicale Laïque de Voiron et écrit par Michèle Verdet et Robert Né, les débuts du jumelage entre le Kreis Herford et la ville de Voiron sont décrits aux pages 33 - 38. Voici à la suite le texte reproduit avec l'aimable autorisation des auteurs.

Le développement des échanges franco-allemands avec le Kreis Herford.

Ces échanges sont, au départ, à la fois le fruit de conditions conjoncturelles et d’une volonté délibérée de relancer des liens d’amitié entre les deux peuples français et allemand. Dès les années 1950, Raymond Julien, voironnais et ami d’enfance de Marie-Jeanne et Noël Néton, enseignant à Grenoble et militant au sein des Auberges de Jeunesse, parvient à initier, malgré quelques résistances, un échange entre ses élèves et de jeunes lycéens de Bünde. Ces contacts se renouvellent chaque année, alternativement à Grenoble et à Bünde, jusqu’en 1964, où apparaissent des difficultés d’hébergement sur Grenoble. Raymond Julien se tourne alors vers son ami Noël Néton pour trouver une solution. Ce dernier obtient rapidement l’accord du Conseil d’Administration de l’Amicale et celui du maire de Voiron qui décide d’aménager le bâtiment de l’ancienne poste, pour héberger les jeunes allemands. Comme nous l’avons déjà signalé, ce local va devenir le siège de l’Amicale et être symboliquement appelé « Foyer Léo Lagrange ». La gestion en est confiée à l’ALV, et Noël Néton en assure la direction.

Le principe de tels échanges entre jeunes français et jeunes allemands correspond tout à fait à la volonté politique conjointe du Général De Gaulle et du Chancelier Adenauer, marquée par le traité de coopération du 22 janvier 1963, et la création d’un Office-Franco-Allemand de la Jeunesse. Il s’agit bien en effet de « resserrer les liens entre les jeunes des deux pays » et d’agir pour «  renforcer la compréhension mutuelle ».

Le premier car, en provenance du Kreis Herford, arrive dès août 1964. Depuis cette date, les allers-retours se perpétuent chaque année, malgré la durée du déplacement. Le groupe, encadré par Hans Schnatwinkel, est accueilli et accompagné par une équipe enthousiaste : Michel Combe, famille Néton, Alphonse Lachenal, Renée Permezel, Robert Verdet, Maryvonne et Roger Caselles. Le programme touristique et culturel se déroule très bien. Le week-end prévu en famille suscite, par contre, moins d’empressement de la part des foyers français. Le traumatisme est encore vivace. Mais des contacts interpersonnels se sont créés. Deux jeunes allemands, Pitar Weitz et Billy Kluwe, alors étudiants et interprètes du groupe, décident de venir étudier le français à Grenoble, dès la rentrée de septembre, et vont largement faciliter les échanges avec les responsables du Kreis.

Monsieur Albrecht, Landrat du Kreis, sollicite le maire de Voiron, Raymond Tézier, pour la création d’un jumelage Voiron-Herford. Le principe de ce jumelage est adopté à Voiron, le 18 juin 1965. Un mois plus tard un premier groupe de jeunes amicalistes, accompagnés par Michel et Fanny Combe, Alphonse Lachenal, Renée Permezel et Marie-Jeanne Néton, s’embarque pour un voyage en train de 22 heures. L’accueil sur place est chaleureux, y compris dans les familles, et laisse des souvenirs inoubliables. Un séjour dans Berlin-Ouest puis une visite à Berlin-Est, alors en pleine tension, et difficilement accessible, ne manque pas d’impressionner et d’interroger jeunes et adultes.

Les échanges se poursuivent en 1966 et, déjà, l’accueil s’ouvre avec intérêt dans les familles voironnaises. L’évolution est également rapide au plan institutionnel : une Charte du Jumelage est signée à Voiron le 25 août 1966, et confirmée à Herford, le 12 novembre de la même année. Le maire de Voiron, ancien résistant, et le Landrat d’Herford, Ernst-August Albrecht, combattant du régime nazi, échangent avec ferveur et se comprennent. Leur attachement à l’instauration de liens d’amitié est très profond. Les responsables de ce jumelage, dans le Kreis Herford, sont des administratifs très engagés, Eberhard Koenig et Herbert Ebmeier, qui apprécient l’investissement des bénévoles de l’ALV.

Les projets foisonnent : échanges culturels, sportifs, scolaires, artistiques, familiaux, commerciaux. Apparait très vite la nécessité de mettre en place une commission municipale, chargée de préparer les rencontres et les échanges. Cette commission va plus tard donner naissance au Comité de Jumelage, au sein duquel l’Amicale Laïque va poursuivre son action, notamment par l’engagement très fort de Noël et Marie-Jeanne Néton, ainsi que de nombreux amicalistes.

L’Amicale Laïque est sollicitée, en 1966 et 1967, pour organiser des stages de « Connaissance de la France ». Marie-Jeanne Néton et Alphonse Lachenal, aidés de Renée Permezel et messieurs Erard, Chautard et Darier, relèvent le défi avec succès.

Le premier anniversaire du jumelage, en août 1967, est fêté à Voiron, et les jeunes sportifs de l’ALV sont sollicités par la municipalité pour participer à ces festivités. Le deuxième anniversaire se déroule à Herford, et de nombreux responsables de l’ALV et de sportifs (gymnastes, basketteurs, handballeurs) se joignent à la délégation de la ville de Voiron, et prennent part au programme.

Les échanges spécifiques entre l’ALV et le Kreis Herford se poursuivent chaque été, permettant de découvrir, au-delà de la région d’Herford, la mer Baltique et la mer du Nord, Berlin et l’ile de Zylt. En retour, les jeunes allemands découvrent le Lavandou, Antibes, Carnon, Vallon Pont d’Arc, les Gorges du Verdon et Montpellier. Un ensemble dynamique est investi dans ces échanges : Josette Therre, Mr et Mme Montlahuc, Annette Mendelssohn, Janou et Henri Budillon, Claudette et Marcel Piette, Marcelle et Roger Boudias, Christian Perrin, Michel Dussert, Michèle Verdet, Thierry Raphard, Georgette, Alain et Laurent Tézier, Nora Bouti, Jeanne Audouin, Marie-Claire et Paul Deschaux, Nadine Bonnet, Jacqueline et Claude Buissier, Brigitte Michel, Denis Garnier, Mr et Mme Desnoyers, Mlle Pinzetta.

Les échanges se multiplient entre de nombreuses associations, mais aussi, progressivement entre familles. Des jeunes trouvent de petits jobs pendant les vacances et sont hébergés par leurs nouveaux amis. Des idylles naissent, et les premiers mariages se fêtent. A l’initiative de Noël Néton, un groupe d’adultes, membres de l’ALV, se lance sur la longue route pour un court séjour dans le Kreis Herford.

Les Jeux Olympiques d’Hiver de Grenoble, en 1968, donnent à l’ALV, l’occasion d’accueillir des lycéens de Herford. Le président Gaston Erard, également intendant du Comité Olympique de Grenoble, facilite la programmation du suivi de ces jeux, ainsi que la visite des installations. En retour, les responsables sportifs du Kreis invitent 16 amicalistes à s’intégrer dans leurs effectifs pour vivre quatre jours des Jeux Olympiques d’été de Münich, en 1972.

Au-delà de ces événements particuliers, les responsables officiels cherchent à toucher l’ensemble de la population, et notamment la jeunesse. Un groupe de responsables Sport et Jeunesse du Kreis Herford vient à Voiron pour planifier des échanges entre sportifs. En avril 1972, l’ALV réunit des gymnastes, des handballeurs et des basketteurs pour un premier voyage, sous la responsabilité de Janine et Jacques Rambaud. Chaque équipe est reçue par une association homologue : entraînements en commun, matches amicaux, soirées festives, les contacts s’établissent, et les projets de retour se préparent.

En 1976, l’expérience est renouvelée en associant plusieurs clubs voironnais. Danielle et Gérard Berland, Robert Né et Philippe Plaquevent assurent l’encadrement. La section gymnastique de l’ALV va nouer des liens avec le club de Bünde, puis de Ennigloh. Ils se reçoivent mutuellement, participent aux rencontres officielles ensemble pendant huit années.

En 1978, c’est la section handball qui entame, avec leurs homologues de la Turngemeinde Herford (TGH) un long parcours d’amitié qui les amène à se retrouver chaque année, en fin de saison, dans une ambiance festive. Ils construisent ensemble une véritable histoire personnelle à l’intérieur du jumelage. Leurs programmes d’activités comportent en effet des découvertes culturelles, des entraînements communs, des matches mixtes, des activités sportives diverses et festives. La langue n’est plus un obstacle insurmontable, et les rencontres se poursuivent toujours, une fois par an, en alternance sur Voiron et sur Herford.

Nos montagnes attirent les westphaliens et, fin décembre 1978, un premier groupe s’installe au foyer pour huit jours, avec la ferme intention de tester les pentes enneigées de la Chartreuse et du Vercors. Une équipe d’amicalistes les conduit chaque jour dans les différentes stations, accompagne les débutants comme les skieurs plus confirmés et prévoit le Réveillon de la Saint Sylvestre. Rémy Gaillard devient très vite le responsable émérite et toujours joyeux de cette organisation. Il va assumer cette responsabilité pendant 20 ans, bien secondé par Agnès Falconnat puis Yann Desprez.

Dans la même période, l’Office Municipal de Voiron, aidé de quelques amicalistes, accueille de jeunes élèves d’écoles primaires de Šibenik en hiver, et les accompagne à la neige, pour leur plus grand plaisir.

La section handball, déjà largement impliquée dans les échanges avec Herford, se lie directement avec le club Turngemeinde Herford. Les rencontres prennent clairement un tour amical.

En juillet 1979, une délégation allemande vient à Voiron, avec quelques adultes femmes : celles-ci sont intégrées dans l’effectif voironnais du groupe loisir, et deux équipes franco-allemandes sont constituées.

Dès 1984, après vingt ans d’échanges assidus en été, les responsables de Herford et de l’Amicale Laïque reconnaissent ensemble qu’il serait nécessaire de modifier les procédures. Le Foyer Léo Lagrange, malgré les quelques rénovations dont il a été l’objet, manque de confort pour l’accueil de nos amis allemands. Il est donc décidé de s’appuyer sur les familles pour assurer les hébergements, d’autant plus que les réticences soulevées au départ sont désormais clairement levées. Les échanges entre l’ALV générale et le Kreis Herford prennent fin.